Les paradoxes libanais
Le Liban ou Loubnan en araméen signifie«la montagne Blanche», c’est-à-dire celui de sa chaîne de montagnes toujours enneigées. C’est ce beau pays indexé par son légendaire cèdre, que m’a souvent raconté par mon père ; grand admirateur des héros de la guerre libanaise. Bizarre ! Vous avez dit bizarre ! Rien de bizarre ! Mon papa est un ancien combattant, mais grand auditeur de RFI. Laissons mon père au Cameroun.
La guerre du Liban a divisé pendant 17 ans la ville de Beyrouth en deux ; Beyrouth Est et Beyrouth Ouest. La ligne verte ou ligne de séparation, ce mur de Berlin de l’Orient chrétien et musulman fut la rue de Damas. La ligne de la haine porte le nom de la capitale de l’ex-occupant. 1 million de Syriens au Liban. 4 millions d’habitants. Il semble que la vie est meilleure chez ceux qu’on occupe disait quelqu’un. C’est ça le Moyen-Orient !
Mais qui a violé Beyrouth l’ancienne Suisse de l’Orient ? Qui a fait de ce beau pays le terrain vague de la guerre des autres ? Qui veut pour une fois que le dialogue interlibanais est engagé jeter dans la rue les vieux démons de la discorde ? Oui le Liban est une exception, qui se nourri de ses paradoxes.
Si la guerre a déménagé à la frontière sud, il reste que les stigmates demeurent encore sur les murs les corps et la conscience. Beaucoup a changé ; le centre ville s’est reconstruit une beauté, celle d’un Down Town lift qui fait face aux ruines cicatrisées d’impacts de balles et d’obus. Même la statue de la place des martyres la plus photogéniques au monde, continu de vivre son martyr. Beyrouth est maintenant violée par les boutiques fashion, ses terrasses huppées et ses rues piétonnes comme si le mot piéton avait un sens chez les Libanais ! Souvent il arrive de voir des chauffeurs pour qui les signaux de la route sont facultatifs.
Si l’alcool est « haram » la rue Mono s’est fait la spécialité des Hard Rock Café ou Phalangistes et Amalistes se rencontrent dans une ambiance bon enfant. Mac Donald et Ramadan, Hezbollah et Pepsi-cola riment désormais. Liban, paradis des paradoxes, vous avez dit ! Allez à Hamra Street pour voir ces femmes voilées qui entrent dans ses innombrables boutiques de lingeries fines et de décolletées.
Beyrouth ce n’est pas qu’Achrafieh et Hamra. Allez à Ain al-Mreisse. Partout des affiches, les portraits des martyrs, le visage de la propagande. Vous trouverez même le portrait de l’ayatollah Khomeiny. Le mécène du Hezbollah. Martyr ? Chef politique ? Affiche publicitaire ? Non ! Moi non plus je n’en sais rien ! Là-bas à l’opposé de la mignonne étudiante de Beyrouth qui parcoure les magasins en mini, c’est la jolie voilée qui fait ses achats dans les marchés de rue.
Le Liban des paradoxes ! Hé toi qu’es-ce que tu fais ici ? Tu travail chez qui ? (Au Liban aucun africain ne peu s’installer à son compte – c’est la loi – même si en Afrique tous les Libanais sont la bienvenue et ont tous les droits possibles). Je suis étudiant à l’USJ. Pourquoi le Liban si tu peux te payer des études à l’USJ, pourquoi n’être pas parti en France ? « Nous voulons tous quitter ce putain de pays ! » Ah oui c’est ça le Liban. Alors que le monde entier est intéressé par le Liban les libanais veulent tous partir.
Qui restera ? Que restera t-il ? Quel paradoxe ! Qui vivra verra !